10.04.2013
( Procédons )
Arpenter la rampe
reculer de plusieurs pas
jusqu'à arriver en bas de la pente
se retourner
ouvrir les yeux
se rendre compte
qu'ils sont toujours fermés
qu'il n'y a plus rien à voir
on a éteint le ciel et les étoiles
rideau sur le présent
le Temps a déjà exhalé une dernière fois
les montagnes se sont tues
le vertige a frissonné contre tes flancs
et le vent, fatigué, est rentré chez lui
a clos ses stores
glosant qu'on ne l'y reprendra plus
vacances forcées
travail de forcené
à hurler à travers les crevasses
faire siffler la poussière
et cingler les chevilles sur la plage
les montagnes, la mer
il n'y a plus de destination
on se demande si là-bas
on se répond à soi-même
que sans doute
vu qu'ici c'est pas ça
que là-bas c'est pas ici
que ça devrait, alors
et qu'il n'y a pas de raison
il n'y a plus de raison depuis longtemps
pauvre de toi
tu trembles des mains et de la nuque
éparpillée comme un linge
blanche de tout ton long
tes bras sont grands ouverts
sur plus grand chose
tu brasses le non-vent
tu bats de tes non-ailes
tu sers plus à rien
tu pleures, tu crains
le sol lui-même en a ras-le-bol de tes si
malgré ton bon fond
qui fait sa majorée
donc te voici
élaguée, éventée
plus de pression, plus de jus qui coule
la mécanique et la rouille
tu niques plus rien
même pas la trouille
dans ta pâleur de lin
affecte, charme, désigne, choisis
prends, avale, désire, liquéfie-toi autour de lui
déverse tes ouvertures en travers de l'opercule
rattrape la candeur fânée et la pourriture de la nonchalance
as-tu bien exécuté ta révérence
à l'affût des premiers soupirs
des souffles compromettants
impliquants trop pour si peu
pour si fort, tu dirais pas non
de te rouler dans la passiflore
peu farouche entre tes doigts glissant
griffant et les cils qui perlent
à la commissure des regards
dans l'interpénétration
des rêves et de la réalité de la chair
as-tu
une balle dans la tempe
et fuir dans la steppe
une bonne fois pour toutes
le meilleur coup qu'on n'a pas mérité
on mérite pas
on prend
on s'en mange
on a pied, on s'enracine
ou on nage ailleurs, craignant d'avaler de travers
dans les tangentes que l'on prend
la facilité que l'on désire
la fragilité qui dérive
que l'on rencontre, que l'on découvre
c'est la même mais pas la même
et tu me bouleverses
tu te rends pas compte sans nous
l'océan que tu t'apprêtes à affronter
à travers nous les plages tièdes et le Soleil tendre
penché sur nous deux, ce conte
tu ne vois pas
tu penses à autre chose
l'esprit divergent, la conclusion absconse
la libération dans la rage et les larmes
non
il n'y a plus rien à voir
on ne se rend pas compte
que nos yeux sont toujours fermés
se retourner
jusqu'à arriver en bas de soi
reculer de quelques pas
sous un ciel et les étoiles éteints.
21:37 Publié dans Missives Du Kontrebas, Poisons, Soudain | Lien permanent | Commentaires (0)