09.01.2005
( Message De L'Intérieur )
- port du casque conseillé -
Qu'on m'emporte
au retour des survivants
qu'on l'exile
si le jour refuse de s'effondrer
j'irai voir l'ailleurs
s'il est aussi bien qu'on le raconte
dans les auberges de vieillesse
dans les murs des caveaux occupés
dans ma tête de décervelé
où on s'est enfermé
c'est calme d'ailleurs
ici
on discute
on gambade
on sautille
on trépigne
en joie ou en rage
ça dépend du coloris
on monologue à plusieurs
mais on s'écoute quand même
hein
on se comprend
et c'est déjà pas mal
mais là
quelques-uns commencent
à trop se ressembler
je ne sais plus trop
qui est qui
qui fait quoi
et "où t'as mis mon omoplate"
et "rends-moi mon profil psychiatrique"
etc
ça devient usé
on se parle encore
mais moins qu'avant
les cernes guettent
tandis que les guetteurs cernent
on est presque obligé de rester
contraint d'être bien
contrait de nous supporter
de nous faire la conversation
de se la jouer anticipation
sur des centaines de sujets voisins
sans consistance
à supposer
et à supposer encore
en incluant d'autres suppositions
ça n'en finit pas
le service est débordé
mais on gère
ça va
je ne finirai pas
au Regrettoir Nord
à ruminer des chansons mortes
et à laisser infuser
ma lobotomie
on finit par s'habituer à soi-même
c'est étrange mais agréable
puisqu'on se connaît depuis si longtemps
pourquoi continuer à être méfiant?
on a juste tellement d'incertitudes
à commencer par
l'incertitude elle-même
et ses variations
mais ses variations
justement
ne varieraient-elles pas non plus?
et selon quels critères?
eux-mêmes sont-ils variables et sûrs?
parfois
ça prend du temps
de la peine
et du désordre
mais
ensuite
tout rentre
dans l'ordre
en file indienne
une bonne file indienne
est une file indienne
non
pas morte
ordonnée
calme
et constante
à l'ancienne
et puis ensuite
on reprend le cours apaisant
des brefs moments ensoleillés
avant de
bref
bon
je vous laisse
il y a quelques voix à faire taire
parfois ils parlent un peu fort
alors on leur raconte
un conte
leurs yeux se ferment pour la nuit
et ils se réveillent
le sommeil
c'est important.
21:47 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
il y a des voix à faire terres, et même si par foi elles sèment un peu trop tort, on leur rencontre un monde, leurs feux se bercent parapluie et se recueillent ; le soleil, c'est concertant.
Écrit par : p | 10.01.2005
Il y a des fois, à peine blêmes, que j'aime si là-bas elles grêlent un peu trop d'or, à leur rencontre un son de pieu se laisse ébahir et se défeuille; de l'oreille s'émerveillant.
Écrit par : .K. | 10.01.2005
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