13.05.2004
( Kikoo sors de son mutisme )
Une semaine de silence donne envie à mes doigts de hurler. A mes ongles de se ronger eux-mêmes de l'intérieur. A mes os de se prendre pour de folles ronces dopées aux anabolisants et au Danny Elfman. Et de donner aux coquelicots la couleur de l'ennui. Gris sale.
Allez, shhhhh.. shhhh.. du calme. Offrons-nous un peu de volupté sonore: le lancinant treizième morceau de Future Sound Of London - Dead Cities, et.. :) nan, pas Exciter, ni Kojak, ni Guru's Jazzmatazz.. Ha. Le voici. Ce salivant live à Seattle de Portishead pas encore écouté, hop. Play.
Maintenant, un texte du 26.IV.04 dernier. Quelques précautions s'imposent: merci de prendre un minimum de distance avec cette prose, ce n'est en aucun un questionnaire adressé à la Terre entière. Sa conception repose en partie sur le concept d'écriture automatique, et l'utilisation des mots "terrorisme" et "syphilisation" n'inclut en aucun cas une prise de position favorable de ma part envers ces pratiques. On sait jamais, d'autres ce sont retrouvés dans un camp de détention du genre limite vis-à-vis de la Convention de Genève après avoir pratiqué un certain humour. Oh et puis superzut, vous êtes sur un site de blogs, recueils de textes d'expression profondément personnelle (à défaut d'être profonde) et ouverts à tous. Vous voilà prévenus, fanatiques de l'offuscation chronique. Et qui sait ce qui peut se passer dans un cerveau en bocal. Bref, j'abrège, lisez maintenant..
Idées sur le terrorisme écologique? Idées sur une personne capable de déclencher chez l'autre une peur panique dignes de mes pires cauchemars et pulsions de mort? Idées sur l'art et la manière de se comporter normalement avec tout le monde, de sourire joliment au travail, de profiter de chaque heure qui passe, d'acquérir une organisation efficace et facile, de savoir se comporter en tant qu'ami avec ses amis, de ne plus s'enfoncer dans la paranoïa et de remonter la pente, de réussir à concilier plaisir et travail, de ne pas s'inquiéter d'avoir des sentiments, de voir clair en soi "comme un lac de montagne sous le ciel d'été", d'avoir en mon avenir et en celui de l'Humanité, de ne pas craindre la silhouette que je croise dans la rue à 22h, de ne pas laisser mes responsabilités de côté, de croire que ma personnalité est somme toute banale, de se persuader que l'absence de mon père n'a pas entraîné une perte de confiance quasi-totale en tout ce qui vit, que la maladie de ma mère et son absence, le jour de mon Grand Départ, ne m'ont pas forcé à surnager par mes piètres moyens d'abandonnique, de me persuader que la réalité est ce qu'il y a de mieux pour chacun de nous et que les médias, les hommes politiques, ce doux, ô si doux gouvernement n'existe que par et pour nous, que notre civilisation ("syphilisation", hûhûhû) est au bord du gouffre culturel, social et économique, de me dire qu'en fait toutes mes peurs, toutes mes craintes n'ont pas lieu d'être, de se persuader que le Grand Amour n'existe pas et que je me pose beaucoup de questions pour pas grand'chose, et surtout beaucoup de questions pour quelqu'un comme moi, de consommer plus en pensant moins, de ne pas s'inquiéter pour mes rêves car ils le resteront à jamais, de savoir qu'un jour, oui, un jour, moi aussi je serais marié, qu'un jour moi aussi j'aurai un enfant, peut-être deux, ou trois, de ne pas craindre le Sida car je suis plus seul que l'espèce humaine, de se persuader que je peux tout raconter à mes amis à propos de mon mal de vivre et d'exister, d'oublier le noir et le gris et de ne porter que de jolies couleurs, de se dire que bah finalement les 60000 spectateurs d'un concert au Stade De France n'ont peut-être pas tort, d'oublier qu'un QI de 143 pour un élève de 10 ans en sixième est si douloureux à porter pour le reste de sa vie, d'oublier que la Mort ne semble pas frapper aveuglément, de prendre conscience que mon corps emportera mon âme, ma personnalité, mon humour, mes connaissances, mes fantasmes, mes rêves et mes cauchemars, mes souvenirs, mes visions et désirs d'expérimentations, ma solitude et mes exaltations perpétuelles, mon esprit dans toute son immaturité
avec lui
et mon ennui.
08:50 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
J'ai été agréablement surpris par le style et la teneur des propos de ce court texte ...je ne peux que t'encourager à poursuivre dans cette voix , où tu arrives à te "livrer" tout en te "délivrant" de ce kikooisme , carapace parfois trop hermétique , à nos yeux amicaux ...
A suivre j'espere ...
Tibo
Écrit par : tibo | 13.05.2004
C'est si confortable de porter un masque social. On y est à l'abri, on s'amuse beaucoup, mais au fur et à mesure que le temps s'efface, ce masque devient lui-même un personnage dans l'esprit du porteur. Personnage qui s'enclenche automatiquement au contact du monde extérieur.
Mon masque cache bien des choses, non que je vous mente autant qu'à moi en votre compagnie, mais qu'il me permet de montrer ma face "positive", tel Janus, et de garder mon visage contrarié pour mes écritures à l'encre noire et sans illusion.
Mais le K est une lettre bien étrange, finalement. Bilal avait lui-même dessiné une "KLINIK" dans un monde extraterrestre très noir il y a des années, il y a le K de Buzzati et Kafka, ainsi que d'autres plus ou moins glorieux.
Merci pour ton commentaire, d'autres textes sont déjà prévus, plus noirs que celui-ci.
Écrit par : .K. | 13.05.2004
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