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17.11.2004

( Commissure )

- y a pas de Maigret ici, dégagez s'il vous plaît -



J'évite les sentiers sombres où la trouille du noir et la vision qui s'invente des choses hostiles s'emballent. Je les sens de loin. Comme s'ils étaient tout près. "Les Monstres", disais-je, enfant et adolescent, à ma mère, "J'ai peur des Monstres". Mais comment le lui dire, quand elle me demandait de quoi ils avaient l'air? Dans la panique en érection, leur formes et leur visage changeaient plusieurs fois par seconde. C'était leur job, de faire peur, leur raison d'être. D'ailleurs ils n'existaient, j'en suis sûr, que dans certaines portions de la réalité (remember les Quarks), et ne se laissaient voir que de moi. Les ordures. Ces horreurs gerbantes qui avançaient lentement, serrées les unes contre les autres, en cercle, agitant tout ce qu'elles pouvaient pour s'accomplir.

Sur la demande de ma mère, je tentai de les dessiner, mais en vain. Trop complexes, trop de détails. Mais grâce à cela leur manège perdit un peu de leur rayonnement mythique. J'avais toujours aussi peur, mais je serrais les dents et sentais une sourde rage naître en moi, un tonnerre silencieux qui une nuit les ébranlerait pour toujours. Pour m'en débarrasser, je fis regrouper ces présences en une seule, gigantesque de taille et de puissance, dont la simple et abominable vue, dans une terreur sans nom, détacherait ma conscience de ce monde, et dont le plus infime des frôlements me tuerait sûrement. Alors, pour vivre plus confortablement avec cette idée atroce, je la fis exister sous terre aux antipodes, présence au-delà de la matière et de l'énergie, qui traverserait n'importe quel océan de lave ou n'importe quelle plaque tectonique pour me retrouver où que je sois. Je lui infligeai aussi une vitesse extrêmement lente qui m'aurait laissé tranquille pendant une poignée d'années.

Mais le temps passe et la distance s'amenuise, alors j'inventai une nouvelle loi: à chaque fois que je pensais à lui, ce Golem des Douleurs (tiens, il a un nom, maintenant) était repoussé à des centaines de kilomètres en arrière. Plus tard, pour compenser cette quasi toute-puissance sur une menace inéluctable et mortelle, je lui donnai la capacité d'avancer très rapidement, mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait, sa vitesse décroissait exponentiellement pour devenir presque nulle. Ce qui reculait encore plus loin le moment de la rencontre, étant convaincu qu'elle serait plus terrible qu'auparavant.

Commentaires

Marrant ce lien sur les quarks.Figure toi que moi aussi il y avait une periode ou j'en voyais.Et j'ai tente,pareil de les dessinner. J'aimerais en savoir davantage sur ton experience.

Écrit par : gen | 27.11.2004

Difficile d'en dire plus, en fait. Ca fait des années que je n'en ai pas dit un mot, nos terreurs enfantines auraient dû s'effacer avec le temps, d'après ceux qui étaient alors, à nos yeux, des adultes, et qui ne sont plus que nos contemporains, des êtres morphologiquement semblables, sourds, aveugles et muets.

Mais je m'éloigne du sujet. Sachez toutefois que l'une de mes terreurs revient parfois (http://kikoo.hautetfort.com/archive/2004/11/23/_mh_.html).

Écrit par : .KiK. | 28.11.2004

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