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09.12.2004

( Un Peu De Froid )

- une liqueur de laine, s'il-vous-plaît -

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Les mains ont tremblé. Des voix se sont tues. Il a été vu, et ces regards le marqueront à vie. Il n'a pas vraiment compris pourquoi c'était aussi grave, après tout. Ca arrive de s'emporter, de ne plus juguler la pression compressée jour après jour, au fil des semaines et de la colère de ne pouvoir la sortir. Tout allait trop vite à ce moment-là, des émotions intenses nées de sentiments purs et d'une rencontre inespérée. Pas de recul. Seulement la vie dans l'instant, un gamin avec un potentiel de jeune adulte. Imprévisibles étaient les mésaventures qui ont suivi. Ce n'était pour lui que l'enchaînement logique des choses, tandis que les règles brillaient par leur absence. Une absence. C'était sans doute ça. Là et absent. A la frontière. Comme lorsque la couette 100% synthétique s'arrête le long du bras: on a chaud, mais une main glacée enserre l'air à côté. Alors pourquoi bouger quand on a suffisamment chaud et que le froid ne se fait pas encore sentir? Oui, mais.. Là, mais absent.


..télépopmusik - love can damage your health (lab 1

Commentaires

Les enfants, implacables soleils de leurs faux découpant des ombres dans la joue des impostures. L'insensée droiture des inachevés.

Écrit par : estragon | 10.12.2004

Visages immobiles, chair plastifiée et battement creux, ils s'asseyèrent face aux lames, et commencèrent le concours de la plus grosse grimace sur les lambeaux des mondes plats et des étoiles en veilleuse.

Écrit par : .KiK. | 10.12.2004

Tuméfiées et en boules rougies par le soleil, leurs joues se consumèrent et tandis que l'un imita un nuage et que l'autre sourit comme une pluie, le monde au dessus d'eux craqua, gouttière asourdissante qui de désinvolture les noya.

Écrit par : estragon | 11.12.2004

Quelques-uns voulurent revenir à la surface des choses tandis que les autres continuaient à grimacer. Jusqu'au crépuscule, les nageoires dans les poches, ils coincèrent les bulles effarouchées de leur nouveau chez eux, conscients que le temps les perdrait. Les dunes immergées les attendaient, il était temps de partir.

Écrit par : .KiK. | 12.12.2004

Ils thésaurisaient, sans faim sans séquelles, sur les bagues de ferraille et les salves de médailles qu'ils s'arracheraient dans l'aube engourdie de leurs doigts. On leur singeait le cri et ses panoplies de linges fixes. Les visages en bleu ciel et les nez en trompettes, les enfants de l'eau de vie s'irradiaient de leur mince recours à la vie dans les carrefours bleuis de leur syntaxe étourdie. Ces jours-là, où le monde tombait tout bas de sons froids, plateforme fixe plombant le dos des trottoirs, ils vissaient leurs corps entre les seins de ceux qui pleuraient comme on vit.

Écrit par : estragon | 13.12.2004

La vapeur, au creux des coussins tièdes, empourpraient les aventureux des bras entrouverts, ceux-là même qui décriaient les bourreaux d'ailes aux pupilles blanches. Les unes reprenaient des couleurs, les uns les distillaient à rebours dans un goutte-à-goutte sulfureux et lointain, puis s'échangeaient leur rôle au contour d'un verre d'absenthe. Indifférent, le Lierre recouvrit les portes lourdes de leurs souvenirs sans foi, et fleurit au plus fort de la nuit.

Écrit par : .K. | 13.12.2004

Vivement, la panse, salement, l’errance, chichement, tu danses, les fronts turquoises percutaient les boucheries de la ville endormie, l’haleine accroupie en furie sur le fil tranchant d’une rêverie. Les enfants culbutaient puis souriaient, puis oiseaux blancs frôlaient la niche des trottoirs, leurs ombres déchiquetées en guenilles du soir, traînant poudre d’escarcelle sur les lèvres écaillées des fleuves salis qu’ils croisaient dans les yeux des vieilles assoupies. Ils avaient bâti un monde sur les rebords duquel, confiants, ils s‘asseyaient, ils n’en voyaient ni la dureté ni l’accessoire. Tout chantait doux, et comme dans les lueurs de ces livres égarés, ceux-là que leurs mères plissaient d’un doigt mouillé quand dérouillés ils s’endormaient — sous leurs lèvres chuchotantes : l’oreiller puant de leur innocence, l’oreillant pué de leur insolence… comme dans ces lueurs-là de mots somnolents, ils ne croyaient qu’en des pas que rien ne viendrait déchirer, au contraire de ces flancs de papiers que du revers d’une main d’adulte on honnit, on décrit, puis on les tue et ce faisant on se tue.
La lune dessinait des fantômes entre leurs pâles doigts blonds, tendus : accusation, délectation, jeux de billes et gants froids dans l’eau tome de l’hiver. C’était cette heure blanche où les oiseaux chantent, dessinant de frêles crépuscules dans les foies qui s’mangent. Les bras ouverts criaient, les fronts muets se gonflaient, jonglés de mille doigts rieurs, puis calfeutrés sous ces couches de chaleur, cette bonne chaleur que l’on trouve dans le creux des ventres, ces creux de chaleurs, imperceptibles et si fragiles, juste pour ceux qui ont faim. En quinconce entre cet amas de feutres perdus : des rires, témoins de l’absenthe nocturne qui rongeait les seins, de l’absinthe qui singeait les sangs, ces milliers de ruisseaux noirs sous les lampions, que les enfants reniflaient comme des chiens, suivant à la trace les furies de ces adultes qui avaient inventé des hommes bons, des chimères et des monstres. Et de ces contes ils se salissaient les mains à force de creuser la surface des caniveaux glacés, où pas un seul bateau de papier ne flottait.

Écrit par : estragon...... | 13.12.2004

Ils s'endormaient une heure à peine avant le réveil, fait de jour à demi éteint et de feu tiède sur la peau sèche d'eau en fuite. Ils se donnaient des airs de pandas affamés en se frottant les yeux avec leur air de gamins sans famille. Comme la veille et les vieilles, les vieux et les voeux étant partis tôt pendant leur sommeil, ils regardaient l'horizon vosgien sans penser à maintenant, en laissant mourir une dernière expiration pendant de longues secondes, et rêvaient d'autres nuages. Les mains tremblaient alors. Il faisait faim. Ca sentait la dalle et les yeux brouillés, quand ils y pensaient après le retour de l'Aspiration. Alors ils se prenaient pour ces pandas d'antan, qui paraît-il habitaient le sol.

C'était avant que les villes ne se décrochent, qu'on tente de les maintenir au sol avec d'énormes chaînes noires, épaisses et lourdes comme des paquebots. Rien à faire, les villes, les villages, les milliers de petits hameaux et de bergeries d'altitude sentaient la poudre d'escampette leur monter à l'oeil-de-boeuf et s'expropriaient. Des multitudes de silhouettes rectongulaired prenaient leur envol, sur leur ilôt terreux pour une destination que seuls les vents connaissaient. Mais les enfants s'en fichaient bien de tout ça. Jouer les Pandas. Yeux noirs sur coeur ailé. Rien à faire tant qu'on a les pied sur l'air et les murs en terre.

Ils habitaient le sol. Les plus vieilles ne cherchaient plus à se souvenir . Il était étaient là, sans rien faire, attendant que les champignons poussent pour le premier repas, que les enfants poussent pour les premiers départs, que la ville redescende aujourd'hui ou demain, c'était sans importance. Le ciel avait tracé en eux des horizons à travers leur conscience et leurs rêves, ils comprenaient les oiseaux qui ne parlaient plus au hommes, les suivaient en-dessous des fondations. Des années à attendre un bout de crête pour apercevoir une fois de plus, de loin, les étendues vertes des prairies montagneuses. Certains brillaient quand le Soleil jouait dans les nuages, des enfants criaient de joie enter les adultes debout immobiles, cramponnés à leurs yeux qui'ils ne croyaient plus autant que les vieux livres écornés et noirs aux entournures, quand Mère cuisait une galette sur les flammes trop chaudes pour leur jeunes peau curieuse. Ils ne croyaient pas non plus que leurs manches tombaient en flocons sombres dans les rues, les boulevards, que la faim disparaissait avec l'envie et le désir, que des milliers d'entre eux disparaissaient sans bouger de leur chaire ou de leur clocher, comme le Pape et tous ses successeurs successifs qui récitaient des poèmes en haut du Vatican.

Parfois on allumait une voiture et on la regardait sombrer dans la nuit en-dessous. On pariait. On refaisait machinalement les gestes du passé, sans but ni regard à affronter. Combien de pandas avaient survécus aux carambolages festifs, combien de rats quittaient ainsi le navire, conquis par l'aventureuse surface qui les envoûter, lointain mystère antique où l'on parlait encore à ses pieds et où l'on se faisait la conversation seuls! On faisait parfois la course avec une maison ou un village , c'était à celui qui avait la plus courte. Mais on retrouvait toujours ces petits mômes acrobates qui vivaient suspendus dans les derniers maillons des énormes chaînes. Le sol était admiré et vénéré, des parfums différents flottaient parfois jusqu'à eux ou leur offrait un flocon ouateux aux formes étranges, des craquements leur parvenaient d'en-dessous l'Obscurité, des hurlements, des cris, et de vastes ombres glissant et avalant la lumière autour d'elles. Ils étaient fascinés. Un jour, ils allumeraient un feu, là, tout en bas, leur village les survolant dans un sourd et gras cliquetis, comme une pupille fuyante au milieu de son iris.

Écrit par : .KiK. | 14.12.2004

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