14.10.2004
( Des Clous )
avec une poignée de clous
elle a replanté des choux
solidement
arrimés maintenant qu'ils sont
aux pieds du calvaire St Anselme
elle s'est mis en tête de liste
des gens qu'elle voulait écouter,
la petite voix en second et dernier,
et c'est comme ça qu'elle a vu
qu'il y avait des tas et des tas de choses,
des tas et des tas de gens
à réparer
et à remettre sur pied
alors elle a écrit une liste de tête
des gens qu'elle devait écarter,
la petite voix toujours elle demandait:
"c'est comme ça tu es sûre?"
qu'éliminer des tas et des tas de gens,
des tas et des tas de choses
il faut oser
alors elle a osé
le calvaire aux choux aux pieds,
dans le champ de chardons,
à l'abri des farandoles
pour faire peur aux oies sauvages
le petit vieux enceint d'un autre dos,
à l'intérieur du simple vitrage à doubler,
attentif aux monologues
pour arrêter les silences du dehors
les caresses sur les cloches endormies,
dans les cuves où le vin macère,
les jambes en bandoulière
pour faire monter la sève
les verbes turgescents des apprentis tapissiers,
sous les jupes déguenillées de Melle Térébenthine,
en partance pour l'en-deçà
pour distraire la génisse blasée
tout ça avec des clous
et la présence d'une voix en elle,
une poignée de clous
contre des particules alimentaires.
09:50 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (6)
13.10.2004
( Le Silence De La Page Blanche )
quoi
qu'est-ce qu'y a
qu'est-ce qu'il a
le silence de la page blanche
hein
il se tait
il se tait j'ai dit
ouais
silence
assez
un peu de calme bordel
un peu d'astuce et d'espéglierie
dans la retenue
s'il-vous-plaît
t'as pas une minute de silence
steup
ha mais c'est quoi tout ce silence
je sais pas y a machin qui tape son silence
bordel, on tourne
les enfaants du bordel
il n'y avait plus un silence dans la maison
et fais moins de silence quand tu manges
le monde du boucan
les silenciers des Antilles
fais moins de silence, j'entends rien
..
et la page blanche continua jusqu'au petit matin (tout petit, le "mâtin, quel journal!")
16:35 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (4)
( 1+1=3, Espèce De Tête De Radio )
Il y a des écailles dans tes yeux,
jeune femme,
des picants jaunis au bord des iris
et le parfum de l'edelweiss sur ton sein
Tu restes là,
assise sur sur le bord de la fenêtre
à minauder avec les moineaux hépathiques,
à troquer la clé de ta chambre
contre de jolies plumes
au duvet timide;
avec quoi joueras-tu ensuite?
le temps, les souvenirs, les gens?
les spirales, les points de suspension,
dépensière en encre de supertanker?
Des démons sous les mains,
tu descends de la diligence
pour conclure tes marchés
en empruntant l'air feint..
bien.
et les autres de te fermer en oubliant
leurs yeux.
08:35 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (2)
12.10.2004
( Mange Tes Réminiscences Et Va Te Brosser Les Dents )
Depuis début septembre, des souvenirs me reviennent de façon subite et implacable. Instants d'enfance, instants récents; spectateur d'instants rares. L'escalier menant au grenier de l'ancienne maison de mon père, dont la lumière n'éclairant que les marches et laissait les deux vastes pièces supérieures dans une obscurité qui matérialisait les Monstres, et la lampe de poches qui les faisaient s'attirer hystériquement et les maintenait à distance en même temps.. Le hall d'entrée, le long couloir transversal à l'asymétrie au début intrigante et les boites aux lettres de notre chez nous dans ce HLM de La Chapelle d'Armentières.. La dernière bagarre entre ma soeur et moi, où je me suis rendu compte pour la première fois que dans ma rage sourde je lui fis mal, et en même temps la fin de mon enfance.. Une larme qui, une nuit, coula sur la joue de S. dont jamais je ne saurai le pourquoi.. Mon premier film vu tout seul, sans mère ni soeur, et moi, dans un sursaut de frayeur, demandant à l'ouvreur si Beetlejuice faisait peur..
Des souvenirs qui remontent à la surface. Un futur à parfaire. Un comportement, aussi. Et les erreurs de chacun qui se mettent d'eux-mêmes en pleine lumière.
J'ai passé trois ans dans un BTS au cours duquel une existence s'est révélée, autre que celle que j'avais depuis deux décennies. Ces trois années furent une révolution. Je viens aussi de passer trois ans en tant que salarié dans un centre d'appels, et mon être a rarement crié autant famine qu'aujourd'hui. Famine. La faim de l'âme, un hurlement aphone, telles les grandes douleurs, ce trou béant en soi qui commence à ronger de l'intérieur si on ne commence pas à le remplir, qui vide le crâne et enlève toute envie.
Il y a urgence.
Des désirs insoupçonnés dans des antichambres grises et amiantées
où l'on regarde nos doigts bourgeonner
et se ranger en piliers de marbre noir
Tiens apparemment il y a seize ans sortait Beetlejuice sur les écrans.. "Betelgeuse.. Betelgeuse.. Betelgeuse!!!" Y en a qui se sont calmés depuis. Pourtant peu de choses ont changé entre-temps.Toujours à la pointe de l'innovation technologique, et à fond dans l'immobilisme structurel, pédagogique et psychologique. Dans cinquante ans, nous auront toujours nos bonnes vieilles marques de réactionnaires "on the move" hantés par notre passé et gloussant de sarcasmes sur le présent toujours aussi transparent et vain. L'espèce humaine n'ira plus bien loin, je le crains, le béton armé qu'elle a coulé sur ses pieds a atteint ses genoux, et malheureusement elle trouve ça très agréable.
Il est déjà 23h38, je sors de la projection de Coast Guard, qui est très sympathique - mais pas vraiment jouissif -, dans le style "Petite base militaire qui commence à dévier vers la psychose". Cadres classiques sans fanfreluches, mais typiques d'un certain cinéma asiatique mélangeant beausoup de réalisme et un peu de contemplation. 'Tention les gars, on approche des marais.. Sinon? Demain, rush sur Pourquoi [Pas] le Brésil. Et ben justement, pourquoi [pas] une majuscule à "le", hein, señor narrador? Parce qu'il est 23h44, que je suis amoureux des tomates et que l'envers du décor se transforme lentement en endroit du décor. Et puis surtout, surtout, parce qu'il faut rester modeste, faut l'assumer sa condition d'article défini dans un titre avec deux crochets - un du droit, un du gauche -, et parce que comme ça il se fit bien remarquer, le bougre.
Vieille canaille, va.
08:45 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (2)
11.10.2004
( Amer Damned )
Un doux Damned, aujourd'hui: la voix vintage d'Angela McCluskey erre sans fin dans ma tête, le Lab 1 de Télépopmusik me hante, invincible.
Besoin urgent et vital de rentrer chez moi.
13:30 Publié dans Damned ! | Lien permanent | Commentaires (0)