Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09.07.2004

( Ils Viendront Me Chercher )

j'attends le matin avec calme
je sais qu'il viendront me chercher
l'ultime visite
celle qui ne réchauffe pas le coeur
celle qui vous rappelle
chose étrange
les plus belles choses de la vie
qui est derrière soi maintenant
ils viendront
semblables à la veille et au lendemain
les mêmes visages crispés et inexpressifs
les mêmes postures dominatrices
des serviteurs de leur loi
qu'importe
plus rien n'a de sens
les couleurs ont déjà perdu leur identité
les objets leur nom
les réflexions leur raison d'exister
mes premiers pas vers la folie
se sont faits sans bruit ni mouvement
je les ai fait tout seul
comme un grand
poings et mâchoires serrées
ongles et orteils usés
j'ai entr'aperçu quelquechose d'inhabituel
fantasque mais réel
sous le néon du ciel blanc écume
ton visage immense qui devant moi riait
riait de bonheur et de plaisir
des derniers jours de canicule
au frais dans la piscine
tes yeux où perlaient des figures géométriques
aux angles pas très catholiques
ensuite un grand rien
rien que du vent
de la poussière dans mes cheveux
la pluie sur mes paupières achevées
et des millions de nuances de gris
c'était presque beau tu sais
mais j'ai déjà oubliétout oublié
j'attends le matin avec calme
je sais qu'ils viendront me chercher
une dernière visite
du genre qui fait froid dans le dos
du genre à faire penser
aux visages étranges
aux yeux noirs derrière la vitre
qui tombe et se fend
suspendue au-dessus du sol
ils viendront
immobiles
donner leurs ordres
et j'oublierai
tout sans exception
j'attends le matin avec calme
je sais qu'ils viendront me chercher

07.07.2004

( Ouvre Les Yeux )

Mes vacances approchent. Vendredi soir, je laisserai KikooBlog sédimenter pour seize jours. Des siestes à ne plus savoir qu'en faire, des nuits blanches à haut débit (d'alcool, de films, de veillées jeux vidéo - au choix), du bouquinage, du glandage.

"N'oublie pas que tu vas mourir", souviens-toi de ce qu'a fait cet artiste japonais qui, autour du monde, a filmé là une jeune fille, ici un petit garçon, là un père de famille, là-bas un pasteur, tous en train de dire, zoom avant face caméra: "Je vais mourir", puis zoom arrière. N'oublie pas que ta vie tiens à des centaines et des centaines de fils et qu'un jour, inconsciemment, tu prends une paire de ciseaux en or et en coupes un, les yeux dans l'oubli.

N'oublie pas que tu n'es pas immortel. Souviens-toi chaque matin au réveil que tu viens de laisser derrière toi vingt-quatre heures de ton existence et que tu es en train d'entamer la première d'une nouvelle série. Déjà une journée de passée.. Mon coeur pulse du vinaigre dans mes veines lorsque les jours en file indienne devant moi, stoïques et résignés dans l'attente, sont de moins en moins nombreux. Qu'ai-je fait toutes ces années? Qu'en ai-je fait? Où sont les souvenirs des milliers d'après-midi pluvieux et de crépuscules admirés? Dans quelle direction s'est enfuie la brise qui les as vu en même temps que moi? Et ce parfum d'ortie séchée et de mousse tiède enveloppant ceux-là, toujours vivaces.. Je voudrais les enregistrements, les bobines, les cassettes, les photos, tout! Rendez-moi tout! Rendez-moi mon histoire que je n'ai que trop peu jouée, organisez-en la projection en compagnie de l'équipe du film, rediffusez ma mémoire en mondovision devant mes treize milliards d'yeux ébahis..

Que fais-tu du poison dans tes veines, de ce goût de fer entre tes doigts crispés dans une morsure pathétique? Que fais-tu de toutes ces journées laissées à hurler dans le désert, pendant que tu bloquais ton cerveau en position Légume, fermais les rideaux et cuvais ta gueule de bois pourri de la nuit dernière?

Qu'as-tu fait pour changer quelquechose..?

..qu'as-tu fait?

Mais que feras-tu ensuite?

Que voudrais-tu qu'il se passe dans ta vie? Mais le veux-tu *vraiment* ? Piaille, jeune coucou squelettique, piaille, vas-y, vrille les sens de tous ceux qui t'entourent, siffle, stride! Fais le cri de la fourchette d'argent sur la céramique! Et vire cet oeuf dans lequel tu t'es prestement réfugié. Débarasse-toi de lui. Par-dessus bord, allez hop! Dehors, les rats à peine éclos, dehors! Et ouvre les yeux, pour commencer, ouvre-les *bien grands*. Tout commence de cette manière: ouvrir les yeux et regarder où tu es avec des yeux neufs. Il te reste bien des nids d'où tu tomberas avant d'avoir vu pousser ton jeune duvet, petit oiseau. D'abord l'oeuf, et puis tu désireras connaître ce que l'oeuf a ressenti, jeté comme un seau au fond d'un puits sans fond, ensuite de nouveau un nid, et ainsi de suite..

Tu grandiras bien un jour.. Mais ouvre tes yeux cholériques, bon sang, ouvre les yeux.

05.07.2004

( Take Care )

Klaxons dans la nuit. Les étoiles se sont planquées derrière le mur de nuages et en profitent pour organiser leur concours annuel de supernovas. Du cinquième étage, le quartier en contrebas semble avoir subi une coupure d'électricité. Baricco et Air viennent d'expirer leurs dernières paroles et notes tandis que mon week-end n'en finit pas d'agoniser. Demain, ça sera.. non, ne pensons pas à demain.

Une copine, hier soir, m'annonçait que c'était son anniversaire. Ca lui faisait une belle jambe. Elle voulait passer cette soirée seule, loin du classique famille-potes-soirée-doliprane."Une expérience" m'a-t-elle dit. Mais on rencontre souvent des connaissances dans un café que l'on fréquente depuis quelques années, alors..elle a décidé de changer de café et, du coup, est devenue plusieurs.

Mon coeur oubliait de battre chaque fois que sa mélancolie débordait de sa coquille de vingt-trois ans.

08:50 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (0)