27.11.2004
( C'est Mourir Un Peu )
- fermer les volets -
Sans arrêt
tu as recommencé les mouvements
tu devais les connaître par coeur
tu n'avais aucune chance
de te tromper
aucune
c'était couru d'avance
aucune alternative
les lions étaient lynchés
sous les portiques des écoles
c'était pourtant d'une simple extrêmité
sept points à suivre
un jeu de piste comme avant
tu te souviens
je le vois
malgré nous
les lions sont restés accrochés
la langue autour du cou
les blancs rouges
les rouges bleuies
de la vapeur qui remonte vers le vent
au-dessus du brouillard
que faisais-tu à les regarder?
qu'y voyais-tu?
que voyais-tu en eux?
l'aube a changé de ton avec nous
maintenant c'est différent
nos ombres sont sur le point de nous fuir
la lumière ne nous éclaire plus indifféremment
et la poussière en seconde peau
me fait oublier l'air que je respire
où la chaleur des pendus
se mêle aux crachats des bus
aux vomissures des usines
aux soupirs des troglodytes emprisonnés
tout est différent
et pourtant rien ne semble avoir bougé
nous rentrons chez nous
mais ce n'est pas chez nous
il y a un effroi familier
qui caresse chaque objet de la pièce
où nous avons toujours vécu
comme ces attaché par le cou
aux fenêtres des voisins
et eux en-dessous qui nous sourient
nous lance un bonjour matinal poli
au début et à la fin
nous devons partir ou fondre
tu sais
il ne nous reste pas d'autre choix
l'ici et maintenant est figé
en un tombeau embroussaillé de rats
de ronces et de mûres
j'aime caresser les ronces entres les épines
mais ce lieu ne nous veut plus
partons
je t'en prie
partons
je ne te demande plus ce qui s'est passé
on oublie
il nous reste nos existences
ce que l'on en fera
si on décide de rester sous notre première peau
viens, donne-moi la main
partons
le monde se termine ici.
22:25 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
( A Bout De Nerfs )
- votre massage s'autodétruira après la pipe sonore -
"Je n'ai toujours pas éteint la lampe du grenier. Non, je ne leferai pas, laisse tomber. Pas envie de passer la main par la porte, tâtonner dans le coin et me retrouver avec ces bestioles, non merci! Hors de question que tu m'obliges à faire ça. Je préfèrerais que tu crèves. Bien sûr, je dis ça comme ça, t'enflammes pas la jugulaire pour rien.. De toute façon, on n'a qu'à poser une lanterne ici et aller couper le compteur, c'est aussi simple, non? Rhâââ mais pourquoi tu fais encore la gueule, QU'EST-CE QUE J'AI DIT, ENCORE?!"
Il sortit en claquant l'autre porte. Elle pleura seule devant l'entrebaillement.
17:50 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
25.11.2004
( Ca Sent La Certitude )
- négatif -
Toujours pas. Non. Je ne sais plus pourquoi je tiens comme ça, après tant d'années. Je crois que ce n'est plus la peine d'étndre une dernière fois le drap du pique-nique, de courir après les papillons cendrés, d'inventer un trou béant à la place dès que je passe le bout de mon orteil dehors. Mourrez, tous, vous restez d'un lassant..
00:50 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (4)
( Nos Heures Passent )
- une grange dépasse ! -
Pas besoin d'avoir une nuit tombée à la renverse pour que les heures paraîssent tardives, épuisées d'être elles-mêmes, rien que des chiffres et des nombres à la queue indienne, les cernes au cirage et la bite en sourdine.
Enfouies sous leur propre silence, les heures auschwitzées espèrent en de meilleurs lendemains, en de meilleurs espérances, espérant reconnaître un jour l'espoir et murmurer, déséchées: "Ah c'est ça..", sans avoir plus de force qu'un chhiot cholérique en bout de laisse.
Les heures se suivent.. Nos heures s'égrènent par brindilles, le Horla garde un oeil attentif et invisible sur leur régularité tremblante, et je continue à décompter mes battements de coeur. La nuit même semble crevée de passer et repasser sans arrêt, et de l'Est à l'Ouest, un peu plus à l'Ouest, complètement, jusqu'au bout où le ruban de Möbius renvoie la purée dans le même anti-sens et la même non-direction. Toujours et inlassablement la même vidéo de 24 heures en boucle devant les glazes écarquillés comme l'autre drougui beethoveiné, et les mêmes points de suspension dans l'âme qui grossissent, grossissent à en emplir le rassoudok jusqu'à en fuir par tous les ports du monde connu.
Je sue les heures de mon ennui, je suppure les secondes de mes rêveries aussi vite qu'un claquement de cil, sans qu'aucune autre sorte d'aube n'arrive. Ni prés, ni colchiques, nous devrions peut-être nous sauver de nous-mêmes, remonter vers le cercle polaire narcotique et attendre la levée de l'Aube, la retombée des poussières et la fin du bourdonnement dans nos oreilles.. Peut-être. Rien n'est moins sûr.
Mais rien n'est plus pur.
00:15 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (1)
21.11.2004
( Sirop )
- vous l'auriez en pourpre? -
Dévêtus de nos habits ensanglantés
traversant l'appartement
dans la pénombre éblouie par le sodium,
les reflets de l'averse
et l'ampoule faiblarde de l'entrée,
nous sommes restés immobiles
face à face, têtes baissées
respirations de spasmophiles, vagues de pluie
à l'abri
puis nous avons bougé
nous nous sommes glissés dans le bain
avec douche brûlante merci
puis il est devenu grenadine
lui aussi
glissant de nos peaux
au drap de satin médusé
en corolles étirées vers le bas
en silence
en face à
doigts crispés en un faible effort
celui d'un continent tempé de lave
compter sans compter
les gouttes à goutter du nez,
les allers et retour
de la chair de poule
à vif derrière nos paupières mal baissées,
l'iris apprenti fuyard
mais aux prises de chaînes plus lourdes que l'esprit
c'..
l'eau semble plus tiède
au fur et à mesure de l'effacement du temps
de l'assèchement des vitres
et de nos regards enfermés
dans la grenadine
elle se retrouve entre elle
lit nébuleux allongé sur lui-même
en train de chercher un moyen de sortir
d'onduler hors de ce bac
rempli de gens immobiles et d'eau
l'eau est glacée comme tes yeux
comme si tu pouvais m'en vouloir,
car il faut bien un responsable,
alors pourquoi pas un aute que soi?
c'est tellement plus facile
ça coule de sauce
ça crève les yeux, oui
un millilitre de solution de facilité
éclair de génie
et les bras m'en tombent
la grenadine retrouve une nouvelle jeunesse
regarde, elle reprend des couleurs
tu as perdu ton sourire
avec tes larmes sous la pluie
et les voilà qui regagnent tes yeux
welcome back home
je retourne vers le Soleil
flottants dans les coquelicots fânés.
23:10 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
( La Maison Vide )
- kévin baisse la radio !! -
Aujourd'hui
j'ai oublié ton dernier bonjour
le murmure
à travers le plafond
avant que les oiseaux s'éveillent
ton dernier éclat de vie dans la voix.
J'avais oublié
et déjà tu disparaissais des autres souvenirs
la maison redevenait telle qu'en elle-même
des murs des cloisons
des fondations ds fenêtres
et tout le reste
ta présence ne s'est pas faite remarquer
tu étais très discrète quand tu le voulais
et cette porte qui ne fermait pas
et qui maintenant ne veut plus s'ouvrir
pas plus que les fenêtres
la porte du grenier est entrebaillée
celle de la cave est toujours glacée
la porte d'entrée joue aux apprentis courants d'air
pour perfectionner son sifflement
et vers quatre heures du matin
j'entends des toussottements.
20:40 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
20.11.2004
( Can't Breathe )
Des fois ça part comme un soupir avorté, un frisson de ceux qui prennent quand, sous la douche, l'eau trop chaude endort les nerfs et la vigilance.
Puis les paupières se ferment au deux tiers, l'eau ruisselant dans les yeux, le long des cheveux qui pendent en fond sonore.
Et le soupir qui finalement revit une dernière première seconde pour avorter encore.
Noyé de chaleur
à l'envie à tous les pleurs
les yeux coulants
sans cesse en fuite
en-dessous de la limite
trop en-dessous pour passer aperçu
les cheveux collés
aux feuilles mortes de l'année d'avant
mais d'avant quoi?
Qu'est-ce qu'il s'est passé avant?
Coment pourrion savoir
le passé est non avenue
plus de témoins, plus d'assassins
moins d'effroi nous satisferont
dans nos rondes sans plis
sans cuissages extrême ni persasion amicale..
Nous ne pourrions jamais savoir
voyons
quelle belle idée
jeune utopiste
combien d'idées de fous pour de décisions,
certes rapides
mais ô combien efficaces et jouissives?
hein
toi
petit être insignifiant
et sans moyen
qu'est-ce que tu me hurles
du fond de la nef en otage, hein?
qu'est-ce que tu veux nous dire?!
que dalle, oui.
Ici
il n'y a ni espérance
ni évidence
pour ton maigre C.V
pour ta maigre famille
alors laisse tomber
laisse un peu bosser ceux qui le méritent
nos grands héros de l'Industria moderne
laisse tomber tes espoirs
on te conchilie suffisamment dessus
pour t'ouvrir les yeux avant ton arrivée
car dans ce pays
que ce soit
toi ou moi
ou on en tue
ou on en survit
tu n'as que le "débarras du choix"
Prepare to die
Don't you expect to know why
the soil howls at you
you
and your little.
05:23 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
19.11.2004
( Effrite )
- sous le sourire, la fin -
Aujourd'hui, tu n'as plus voulu que je prononce ton prénom
Même devant nos amis.
Tu as voulu que je ne t'appelle plus.
Et tu restes là à sourire comme au premier jour.
01:05 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
17.11.2004
( Les Invisibles Horizons )
- liesse en ciel est un missile pour les cieux -
Je la laisserai partir
comme elle le voudra
la main tendue et tremblante
des branches dans les cheveux
ou un sourire fatigué aux lèvres.
Je la laisserai partir
elle enfilera son vieux et long manteau
fermera les portes derrière elle
le long du long couloir
sans fenêtre ni tambour
et encore moins de trompette
saperlipopette
Elle n'en voudra plus des comme ça
trop de regards blancs
les cernes au bord des yeux en bord de mer
trop de tempêtes en bocal
sous l'effarante pluie de certitudes
Elle se penchera à nouveau
sur le cas du petit pois sauteur
au rayon Démangeaisons
sous quatre cents tonnes de prairie plastifiée
invendue sous vide avec sa recharge
elle se penchera
et verra bien
il faudra bien qu'elle le voie
comme comme un i sous un pont
elle verra bien
que c'est pas comme ça
qu'on marche ou qu'on crêve
on fonctionne pas pareil
pas de bouton marche/arrêt
pas de prise éclectique
pas de sang sous les ongles rongés
pas d'eau filant entre nos doigts joints
mais de l'abandon
oui
l'abandon total et sans condition
la récidive y est bannie
la rémission, elle, impensable
et pourtant
ces autres personnes que j'oublie
je m'y étais abandonné
accords perdus dans une foire à l'endive
pas plan B
no emergency excitement
une focalisation une seule
sordide coopération
à défaut de mieux
tiens
justement
il y a mieux aujourd'hui
un obscur objet de toutes les attentions
une vision salutaire
de la fin d'une ère
entre la mort et la naissance
jaillit une nouvelle confiance
un pacte secret pour des jours meilleurs
pour de sweet hereafter
pour un voyage sans destination
le billet inscrit sur une serviette en papier
et délavé par l'averse et les néons
un doux pas de côté
vers l'extérieur
se regarder avec certitude
et un rire dans l'oreille
qui chante les invisibles horizons.
..alpha - the impossible thrill
16:35 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
( Commissure )
- y a pas de Maigret ici, dégagez s'il vous plaît -
J'évite les sentiers sombres où la trouille du noir et la vision qui s'invente des choses hostiles s'emballent. Je les sens de loin. Comme s'ils étaient tout près. "Les Monstres", disais-je, enfant et adolescent, à ma mère, "J'ai peur des Monstres". Mais comment le lui dire, quand elle me demandait de quoi ils avaient l'air? Dans la panique en érection, leur formes et leur visage changeaient plusieurs fois par seconde. C'était leur job, de faire peur, leur raison d'être. D'ailleurs ils n'existaient, j'en suis sûr, que dans certaines portions de la réalité (remember les Quarks), et ne se laissaient voir que de moi. Les ordures. Ces horreurs gerbantes qui avançaient lentement, serrées les unes contre les autres, en cercle, agitant tout ce qu'elles pouvaient pour s'accomplir.
Sur la demande de ma mère, je tentai de les dessiner, mais en vain. Trop complexes, trop de détails. Mais grâce à cela leur manège perdit un peu de leur rayonnement mythique. J'avais toujours aussi peur, mais je serrais les dents et sentais une sourde rage naître en moi, un tonnerre silencieux qui une nuit les ébranlerait pour toujours. Pour m'en débarrasser, je fis regrouper ces présences en une seule, gigantesque de taille et de puissance, dont la simple et abominable vue, dans une terreur sans nom, détacherait ma conscience de ce monde, et dont le plus infime des frôlements me tuerait sûrement. Alors, pour vivre plus confortablement avec cette idée atroce, je la fis exister sous terre aux antipodes, présence au-delà de la matière et de l'énergie, qui traverserait n'importe quel océan de lave ou n'importe quelle plaque tectonique pour me retrouver où que je sois. Je lui infligeai aussi une vitesse extrêmement lente qui m'aurait laissé tranquille pendant une poignée d'années.
Mais le temps passe et la distance s'amenuise, alors j'inventai une nouvelle loi: à chaque fois que je pensais à lui, ce Golem des Douleurs (tiens, il a un nom, maintenant) était repoussé à des centaines de kilomètres en arrière. Plus tard, pour compenser cette quasi toute-puissance sur une menace inéluctable et mortelle, je lui donnai la capacité d'avancer très rapidement, mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait, sa vitesse décroissait exponentiellement pour devenir presque nulle. Ce qui reculait encore plus loin le moment de la rencontre, étant convaincu qu'elle serait plus terrible qu'auparavant.
13:15 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
12.11.2004
( Autre )
Dans le coin
il n'y a que des trous dans les murs
à la symétrie au goût framboise
introspective ou diminutive
il n'y a pas la place pour ces choses-là
Un vieux fatiguant a retiré son bonnet
rouge et tout mité qu'il était
pour le ranger dans une autre boite
où chaussures il y eut, où souvenirs resteront
Dès demain je cours lui dire tout
tout ce que j'ai là, à l'intérieur
il est des paroles qu'on ne peut écrire
par temps couvert c'est encore plus vrai
Mais nous sommes 'autre'
pas d'échelle-étalon
encore moins d'exemple objectif
tout ça c'est dans nos moëlles de pépinières
qui grignotent les printemps
à reculons tournicoton
et des piquets de tempes dans la steppe
ennetières-en-weppes
Dissoudre les planètes
non
nous sommes de modestes bâtisseurs d'immonde
d'hétérogénéité
de mélange des rangements
et avaleurs d'oulipeurs
même pas peur.
Non
même plus peur.
09:10 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)