19.11.2004
( Empapillouté )
- corne de bachizoubouk -
J'ai les papilles qui tremblotent.
On n'a pas idée d'avoir des papilles comme ça, surtout par ce temps!
Non, c'est honnêtement invivable.
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17.11.2004
( Les Invisibles Horizons )
- liesse en ciel est un missile pour les cieux -
Je la laisserai partir
comme elle le voudra
la main tendue et tremblante
des branches dans les cheveux
ou un sourire fatigué aux lèvres.
Je la laisserai partir
elle enfilera son vieux et long manteau
fermera les portes derrière elle
le long du long couloir
sans fenêtre ni tambour
et encore moins de trompette
saperlipopette
Elle n'en voudra plus des comme ça
trop de regards blancs
les cernes au bord des yeux en bord de mer
trop de tempêtes en bocal
sous l'effarante pluie de certitudes
Elle se penchera à nouveau
sur le cas du petit pois sauteur
au rayon Démangeaisons
sous quatre cents tonnes de prairie plastifiée
invendue sous vide avec sa recharge
elle se penchera
et verra bien
il faudra bien qu'elle le voie
comme comme un i sous un pont
elle verra bien
que c'est pas comme ça
qu'on marche ou qu'on crêve
on fonctionne pas pareil
pas de bouton marche/arrêt
pas de prise éclectique
pas de sang sous les ongles rongés
pas d'eau filant entre nos doigts joints
mais de l'abandon
oui
l'abandon total et sans condition
la récidive y est bannie
la rémission, elle, impensable
et pourtant
ces autres personnes que j'oublie
je m'y étais abandonné
accords perdus dans une foire à l'endive
pas plan B
no emergency excitement
une focalisation une seule
sordide coopération
à défaut de mieux
tiens
justement
il y a mieux aujourd'hui
un obscur objet de toutes les attentions
une vision salutaire
de la fin d'une ère
entre la mort et la naissance
jaillit une nouvelle confiance
un pacte secret pour des jours meilleurs
pour de sweet hereafter
pour un voyage sans destination
le billet inscrit sur une serviette en papier
et délavé par l'averse et les néons
un doux pas de côté
vers l'extérieur
se regarder avec certitude
et un rire dans l'oreille
qui chante les invisibles horizons.
..alpha - the impossible thrill
16:35 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
( Commissure )
- y a pas de Maigret ici, dégagez s'il vous plaît -
J'évite les sentiers sombres où la trouille du noir et la vision qui s'invente des choses hostiles s'emballent. Je les sens de loin. Comme s'ils étaient tout près. "Les Monstres", disais-je, enfant et adolescent, à ma mère, "J'ai peur des Monstres". Mais comment le lui dire, quand elle me demandait de quoi ils avaient l'air? Dans la panique en érection, leur formes et leur visage changeaient plusieurs fois par seconde. C'était leur job, de faire peur, leur raison d'être. D'ailleurs ils n'existaient, j'en suis sûr, que dans certaines portions de la réalité (remember les Quarks), et ne se laissaient voir que de moi. Les ordures. Ces horreurs gerbantes qui avançaient lentement, serrées les unes contre les autres, en cercle, agitant tout ce qu'elles pouvaient pour s'accomplir.
Sur la demande de ma mère, je tentai de les dessiner, mais en vain. Trop complexes, trop de détails. Mais grâce à cela leur manège perdit un peu de leur rayonnement mythique. J'avais toujours aussi peur, mais je serrais les dents et sentais une sourde rage naître en moi, un tonnerre silencieux qui une nuit les ébranlerait pour toujours. Pour m'en débarrasser, je fis regrouper ces présences en une seule, gigantesque de taille et de puissance, dont la simple et abominable vue, dans une terreur sans nom, détacherait ma conscience de ce monde, et dont le plus infime des frôlements me tuerait sûrement. Alors, pour vivre plus confortablement avec cette idée atroce, je la fis exister sous terre aux antipodes, présence au-delà de la matière et de l'énergie, qui traverserait n'importe quel océan de lave ou n'importe quelle plaque tectonique pour me retrouver où que je sois. Je lui infligeai aussi une vitesse extrêmement lente qui m'aurait laissé tranquille pendant une poignée d'années.
Mais le temps passe et la distance s'amenuise, alors j'inventai une nouvelle loi: à chaque fois que je pensais à lui, ce Golem des Douleurs (tiens, il a un nom, maintenant) était repoussé à des centaines de kilomètres en arrière. Plus tard, pour compenser cette quasi toute-puissance sur une menace inéluctable et mortelle, je lui donnai la capacité d'avancer très rapidement, mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait, sa vitesse décroissait exponentiellement pour devenir presque nulle. Ce qui reculait encore plus loin le moment de la rencontre, étant convaincu qu'elle serait plus terrible qu'auparavant.
13:15 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (2)
15.11.2004
( Joyeux Jour d'Eclate )
Une tour immense de plexiglass dont la flèche se perd dans la nuit naissante. Ne te réveille pas. Ouvre les yeux. Ne te réveille pas et sors de ce mur. Reviens nous parler et t'étendre avec nous dans l'herbe noire. Des différences de voix, il y en a, mais elles résonnent avec la même harmonie sur nos peaux. Nous ne nous assourdissons pas les uns les autres quand nous parlons en même temps. Tout ce qu'il faut savoir, c'est qu'on est là, chacun avec notre joyeux lance-flammes pour toi. Fait jaillir l'étincelle pour mieux l'éteindre et abandonner les longs mois d'isolement des gargouilles fièrement fatiguées de buller doucement sous la pluie qui monte du sol, sans arrêt pipou à la prochaine fois autoroutière translapine. Dis toi qu'on se la bise déjà, depuis quelques tempes, alors que ton éclosion vacillante promettait les plus merveilleuses escalopes de ce côté-ci de la poêle, à la mi-juin., avant café et cigarettes. Pour l'occasion, j'ai sorti un petit Gerberac broyé de rosée et deux verres en mollet taillés pour nous faire une belle jambe, devant des aléatoires mondains des deux-trois rives de ce côté-ci de l'Heure Monde. Tu sais, ils nous regardent de leur vide borgne et loucheux - pouah tu parles, ils peuvent toujours espérer. Ce petit Gerbos est pour toi et moi. Lichette aimeras, cruchette boiras! On aura les cartes des dédales dans le brouillard avec ces pichenettes; avec un cierge pas si con qu'il en a l'air, les fumigènes partiront comme des vapeurs d'os un soir de crème à fion chez Little Lord Faulteroy. On aura les cartes, alors que rien n'ira plus. Il n'y a que ça qui compte. Ne te réveille pas, mais ouvre les yeux, gueule cassée. T'as besoin d'aller aussi près. Ne te réveille pas, ouvre les yeux, mais sors de ce mur.
08:55 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (0)
12.11.2004
( Autre )
Dans le coin
il n'y a que des trous dans les murs
à la symétrie au goût framboise
introspective ou diminutive
il n'y a pas la place pour ces choses-là
Un vieux fatiguant a retiré son bonnet
rouge et tout mité qu'il était
pour le ranger dans une autre boite
où chaussures il y eut, où souvenirs resteront
Dès demain je cours lui dire tout
tout ce que j'ai là, à l'intérieur
il est des paroles qu'on ne peut écrire
par temps couvert c'est encore plus vrai
Mais nous sommes 'autre'
pas d'échelle-étalon
encore moins d'exemple objectif
tout ça c'est dans nos moëlles de pépinières
qui grignotent les printemps
à reculons tournicoton
et des piquets de tempes dans la steppe
ennetières-en-weppes
Dissoudre les planètes
non
nous sommes de modestes bâtisseurs d'immonde
d'hétérogénéité
de mélange des rangements
et avaleurs d'oulipeurs
même pas peur.
Non
même plus peur.
09:10 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
( Sous Les Remparts )
Aux oubliettes les invendus
au rabais et plus vite que ça!
Des jours pour débarasser
et c'est pas encore le dernier
La liste est longue
trop longue
elle viendra à bout de nous tous
même à quatorze yeux
c'est encore trop long
Pas le temps de bavasser
des amours au large et de travers
sur leurs bras des cuisses chaudes
à consommer sans place
et avec l'attente romantique
Quelques amours sans passage
me réveillent tout le jour
mes mains pour toujours endormies
sur leurs épaules évanouies
et sur ma nuit le soir qui tombe
Un regard de coin
avant le premier appel électrique
de ces soubressauts intimes
à l'hystérie partagée
cela viendra en tant qu'heurt
dans nos histoires
jamais n'échouera
dans nos mouchoirs
Bavardons un peu
je ne suis pas qu'un mur qui te parle
les murs ont des oreilles comme on dit
quelques rares portes en portent
mais elles se fatiguent et soupirent aux soupirs
mille fois empruntés
quand
montés sur des atours euphorisants
ils obligent et infligent
à tours de manège
et à coups de pompons
Ta blessure
quelle est-elle?
N'occupe-t-elle pas la place
de l'échafaud rangé trop vite?
A-t-elle suffisamment cautérisé
pour s'attarder sur la prochaine majuscule?
Saute à pieds joints dans l'oubli
dans les profondeurs exotiques
d'un Soleil de minuit,
où les petites ailes terminent
leur dernière répétition
avant le grand soir
Dans une goutte d'eau en chute libre
j'étais enfermé et criais
sans doute le vertige
ou un mauvais confort
je n'ai pas oublié nos étoiles
notre fin de nuit claire
il y en aura d'autres
sans nous
moins uniques que les nôtres
car nous ne serons pas là
entre deux et deux font quatre
Il n'y aura jamais assez de mots.
08:50 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
10.11.2004
( A l'Aube )
Déjà le matin
il est venu si vite
pas eu le temps de dire "tu"
à peine celui de te regarder
tu dors superbement
tu sais
à la manière d'un humain pliable
et je n'ai jamais autant aimé d'orteils
que les tiens
mon amour
aux petits pieds.
12:45 Publié dans Soudain | Lien permanent | Commentaires (0)
( Onze Hivers )
Onze hivers
et trois heures d'air encore
trois heures
mais
qu'est-ce que je vais faire
pendant trois heures?
attendre?
comme ça, simplement attendre?
entamer la conversation,
inviter deux-trois personnalités,
faire monter le niveau
quand d'autres réhaussent la sauce?
et après se retrouver
seul à hurler contre dix soi-mêmes
sans une seule idée pour les calmer?!
je veux pas devenir fou
je le suis déjà
j'en ai plein les mains
de ma névrose schizoïde
de mes simulations de conversations
de rentrer dans l'esprit de gens
qui n'existent même pas
alors
une fois me suffit
merci
c'est gentil
merci.
08:35 Publié dans Missives Du Kontrebas | Lien permanent | Commentaires (0)
09.11.2004
( Enchaînement Soudain Sur Piano )
Elle l'attira à l'intérieur. C'était un couloir frais et sale comme La Mort. Lui, les oreilles dans ses poches, faisait semblant de grelotter; elle, des gants autour de ses mains, l'ignorer faussement et chercher quelquechose à chercher.
Pas les yeux
pas les yeux
non pas encore
ça sera foutu
pas maintenant
j'ai même pas encore
enfermé la porte
la main sur la poignée
oui pendant quelques heures encore
non c'est trop court
Elle entendit une oreille se faire lacher et lui lui dire:
"Alors?
- Alors quoi?
- Bah pourquoi tu fais ça?"
Elle ferma ses deux paupières, rapidement et plusieurs fois à la suite. La lampe de chevet en elle venait de trembler.
"Pourquoi tu veux que je me mette à parler, comme ça, comme si c'était aussi facile que de torturer un bourreau? Je vois pas pourquoi je me mettrais à parler, à sortir des phrases banales sur l'incompréhension de l'autre, sur le désir de voir une nuit s'effacer un mystère de plus, au chaud dans ta bouche, alors que moi je me les pèle comme en 39-18, non mais sans blague, c'est-y pas permis d'offusquer le silence en en faisant moins que lui, parce que c'est déjà bien balèse Blaise, alors pourquoi me faire collectionner les "alors" et en voulant me faire concourir pour la Today's Longest Phrase à l'aise Thérèse, genre "même l'ex-dragon, le Stoker et l'hymne aux bateaux réunis ils me batteront pas à cette espèce d'essai logophagique rétroplastifié trouvé dans un bouquin sur le reverse engineering appliqué à la tourte vosgienne au ragondin névrotique et au sel non raffiné et déicide, amoureusement mitonnée par Framboisier des Musclés sur Un Nerf d'Accord d'Oignons en rang d'oignons, hein, c'est pour ça que tu vazéviens entre demain et après-demain, sans jamais me dire quoi?
- ..Quoi??"
Il laissa tomber lourdement, et le poids des mots sombra dans l'Oubli.
" Ecoute, je me suis planté d'entrée. C'est pas celle-là, c'est celle d'après. Et arrêtes ton numéro de fomnambule surréaliste, j'aime bien. Et le réveil risque d'être très douloureux.
- Trente-et-un mots, pas mal. *CLAP CLAP CLAP*
- Prends ton manteau on s'en va."
Ce qu'il fit, ce qu'ils firent.
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( Narcissismes, Morts Têtus Et Envies )
La jeune baluchon, sans doute perdue au hasard d'un Nouvel Obs esseulé, me signale dans un commentaire sur ( Le Mode d'Emploi Du Mode d'Emploi ) que mon blog y est cité. Rien de bien téméraire: seuls le nom et le titre y sont indiqués, dans une énumération de quelques blogs personnels (et représentatifs?).
Dans le Mad (Movies) d'octobre, une mise en lumière des vingt films d'horreur "les plus": flippants, gothiques, gore, marrants. Comme d'hab dans ce mag, de la découverte "en voilà en veux-tu oh bah oui alors" qui me laissa imaginer une fois de plus, combien de chefs-d'oeuvre restent encore à voir, inconnus du grand public. Parce qu'il n'y a pas qu'Evil Dead, Braindead, Cannibal Holocaust et La Nuit des Morts Vivants dans la vie. D'ailleurs, pour rester dans les entrailles du sujet, n'oubliez pas votre Home Video qui sent le moisi et sa porte qui ferme mal (ou qui s'ouvre en faisant se retourner tous les clients, même ceux derrière le petit rideau forestièrement bulcoolique), il y a souvent plus de choix que chez Vacio Y Alto Pasado.
Le dernier cinéma de quartier de ma ville fermera définitivement ses portes avant la fin du mois. J'aime ses fauteuils à la texture d'un autre âge et la géométrie parfois Lovecraftienne de ses salles, le sourire de la dame à la caisse quand j'arrive à 21h05 avec mes 5 euros tout prêt, les couloirs étroits et sinueux qui m'emportent "quelque part, mais plus ici", l'arrivée devant la double double-porte de la salle, d'où l'on entend le son touffé des premières bandes-annonces et les hauts murmures de la poignée de spectateurs, revenir lentement à la vie après une heure quarante d'abandon et savourer chaque photon du générique de fin, mater les toiles des cinq salles sur des moniteurs monochromes perchés à 2m50, le "au revoir, merci" adressé une seconde et demie avant de pousser la dernière porte entre la salle obscure et l'obscurité salle.. A la fin du mois..
°
Nos envies sont loin mmaintenant.
Nos cachotteries, nos égoïstes furies
et nos pas de côté au regard en biais
sont partis avec.
Plus besoin de faire semblant.
Plus besoin de faire avec.
Je suis un autre moi.
Nos répliques assassines
restent lettres mortes
envolées sous le blizzard
à la recherche d'autres esclaves
et d'autres trous où se planquer.
Nos langues resteront gelées,
nos doigts crisseront sous la poudreuse.
Onze hivers mourront
lorsque je renaîtrai
lorsque
l'oxygène sera recréé
et qu'il ne faudra plus faire silence
pour se faire entendre.
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05.11.2004
( Mode d'Emploi Du Mode d'Emploi )
De la compréhension des rapports humains, du modèle, du mode d'emploi. Avoir besoin de cela. Connaître les moeurs inter-humaines, les us et coutumes de sociabilisation des français. Mettre le doigt sur l'un des problèmes: se sentir comme un étranger dans son propre pays, en plus d'être déjà un original cinégénique (bien se voir comme personnage de film, faire l'acteur c'est autre chose). Parler très correctement cette langue, le français, mal sortir les phrases à la manière d'une traduction du langage maternel, langage entremêlant images fixes et en mouvement, sensations et gestes, émotions et sentiments, enrichi avec sons, réflexions et monologues. Considérer cela comme un film expérimental vécu de l'intérieur avec, pour communiquer, la nécessité d'utiliser un langage et des outils difficiles à manier. Inverser le naturel. Réfléchir beaucoup en laissant passer la torture de son omniprésence. Vivre de façon électrique. Posséder un univers électrique, tout comme les rêves et les cauchemars. Etre électrique.
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